La petite histoire
Quand j'ai su que Thaïs serait notre fille j'ai acheté un carnet. Un simple carnet, brut, sans fioriture pour y raconter sa "naissance" chez nous. Je l'ai gardé pendant des mois sur ma table de chevet. Incapable de l'ouvrir, incapable d'ordonner mes pensées, il est resté là à prendre la poussière.
Puis un jour, ou plutôt une nuit, près d'un arbre je m'étais endormie j'ai rallumé la lumière et je l'ai ouvert. J'avais à peine le temps de noter sous la dictée d'un cerveau enfin libéré de l'angoisse de ne jamais la voir arriver. J'allais être sa maman, il était temps qu'elle le "sache"...
Plus qu'un carnet, c'est une série de lettres que je lui remettrai un jour. J'y ai noté ce que je voulais lui dire, mes peurs, mes motivations, mon obsession de la voir arriver, mon amour "théorique" pour cette enfant inconnue, les préparatifs du voyage...
Quand l'avion a décollé, le journal était ouvert sur la tablette et j'écrivais. Dans les aéroports j'écrivais, à l'hôtel quand le sommeil ne venait pas ( et pourtant il aurait été le bienvenu ) j'écrivais.
De retour à la maison, j'ai écrit. Les découvertes, les progrès, la naissance des sentiments, les échecs, les difficultés, les sourires et les victoires... Tous les jours ou presque je l'ouvrais. Et puis les semaines ont passé, les mois... et le journal s'ouvrait de plus en plus rarement. Je n'avais plus l'oeil pour observer cette petite fille, ni même l'envie de raconter ses aventures. Finalement je l'ai oublié sur une étagère.
Je pense qu'elle était devenue ma fille...
Aéroport de Pékin, 8 Décembre 2008,2 h du matin.